Introduction

Les gens d’aujourd’hui savent à peine ce qu’est le scoutisme, qui a été le fondateur de ce mouvement qui n’a cessé de rassembler des millions de garçons et de filles par le monde, depuis près d’un siècle. Pourtant, ces petits gars qu’on met en boîte dans les bandes dessinées, ces faiseurs de B.A. (bonnes actions) aux culottes courtes, au large chapeau, et au foulard noué, existent encore et toujours, même s’ils ont troqué leur tenue pittoresque pour un habillement plus modeste, plus près du commun.

Toujours vivant, malgré les graves avatars que lui valent les difficultés et changements de l’époque, le scoutisme a abandonné les méthodes désuètes, le chapeau, le sifflet, les grandes manifestations de masse. On ne voit plus les fiers Eclaireurs défiler au pas au long des rues fanion en tête. Peut-être d’ailleurs faut-il le regretter, car la modernisation à tout prix conduit souvent à la détérioration finale de l’idée originale. Autrefois, les jeunes étaient fiers de s’exhiber, fiers de leur condition de scouts; aujourd’hui, ne dirait-on pas qu’ils se cachent ?
Pourtant, ils sont encore une dizaine de millions de par le monde. Puissent-ils perpétuer l’enseignement du regretté et inoubliable Lord Baden-Powell.

C’est pour tous les scouts, les anciens, les actuels et les futurs, que le Groupe St-Nicolas/St-Paul va essayer, en quelque pages, de vous raconter son histoire.

Histoire

C’est en 1915 que la 1ère Fribourg, entendez par là l’ancêtre de St-Nicolas/St-Paul, voit le jour avec, au comité, M. Marcel von der Weid, conseiller d’Etat, président, M. Ernest Perrier, conseiller d’Etat, Mgr Hubert Savoy, M. Schorderet et le major Otto.

La section prête son concours à la fête des Carabiniers qui se tient à Fribourg au mois d’avril 1917 et donne également sa première représentation théâtrale. Mais vient alors une année difficile, 1919, le recrutement est stationnaire. La cherté de la vie et le rationnement rendent difficile l’achat des uniformes. Le rapport de fin d’année mentionne : « Encore une période ou deux ainsi et nous auront vécu ».

En 1920, une patrouille de Rovers (Routiers actuellement) voit le jour et du 27 au 29 août 1921, la troupe fait un camp volant à Estavayer-le-Lac. Cette année-là, l’effectif remonte lentement et parvient à un chiffre de 40 membres. On essaie d’organiser des séances de cinéma pour intéresser le public et les enfants  des écoles à la vie des éclaireurs. On pousse à la construction des travaux manuels, des nichoirs et des mangeoires pour les oiseaux. La troupe établit également des relations avec les troupes  de Berne et de Bâle.

En 1923, le manque de chefs se fait sentir de façon inquiétante et en 1924, la fête de la St-Georges, patron de tous les scouts, est marquée par une messe en plein air, suivie d’un cortège et de jeux.

Voici déjà le dixième anniversaire de la 1ère de Fribourg qui est préparé avec ardeur. Ce premier jubilé est marqué par un camp cantonal à Marly où 106 scouts campent du 11 au 12 juillet 1925 dans une belle ambiance d’enthousiasme.

C’est en 1932, que la 1ère de Fribourg devient troupe paroissiale de St-Nicolas. Son chef, qui assume également les fonctions d’instructeur cantonal, passe le commandement de cette unité aux dirigeants paroissiaux. Une meute se forme en même temps grâce à l’intérêt porté au scoutisme par Mlle Dupraz, professeur à l’Université. C’est aussi cette année là qu’un camp national est organisé à Genève où de nombreux scouts fribourgeois y participent.

Durant l’année 1939, les éclaireurs du canton prêtent leur concours durant la mobilisation, qui en 1940, ne permet pas de continuer les cours de chefs. De jeunes chefs de patrouilles doivent remplacer leurs aînés à la tête de plusieurs troupes. On tâche de suppléer à leur inexpérience en les réunissant tous les deux mois. On pousse spécialement à la lecture de cartes, à l’orientation, à la connaissance du terrain et à la topographie.

L’année 1943 est marquée par une augmentation générale des effectifs. Un progrès appréciable est enregistré dans l’organisation par l’établissement de fiches nominatives, de fiches état de forces et de fiches badges et camps. Il est ainsi possible de suivre le travail scout de chaque garçon. Pendant les vacances, plusieurs éclaireurs et routiers apportent leur aide à l’agriculture.

En 1944, on ressent un peu partout le besoin de réagir contre un certain flottement venant du manque de clarté dans les idées et dans la conception du mouvement. On étudie plus sérieusement l’urgence d’un retour à Baden-Powell afin de mieux mettre en valeur l’indépendance du mouvement par rapport aux tendances qui pourraient insensiblement porter atteinte à son esprit.

1945 est une année exceptionnelle pour les éclaireurs et scouts fribourgeois, car ils ont la joie d’accueillir Lady Baden-Powell.

On décide la formation, en 1946, des « Amitiés scoutes », pour grouper les anciens scouts qui veulent continuer de servir le mouvement, et en janvier 1947, ce groupe voit le jour, mais malheureusement disparaîtra avec les années.

Il serait inutile d’énumérer tous les camps vécus, les week-ends ou les activités durant l’année, tant l’esprit scout n’est pas rattaché à un lieu ou à un instant précis, mais à un ensemble. Evidemment les discussions entre « vieux » scouts du groupe à l’occasion de retrouvailles avec les anciens se réfèrent inévitablement à des souvenirs aussi interminables qu’inoubliables …

Au début des années 70, le groupe scout de St-Nicolas fusionne avec la paroisse de St-Paul, sous les effectifs croissants des enfants habitant au Schoenberg. Jusqu’alors, les locaux des différentes troupes étaient concentrés dans le quartier du Bourg. L’organisation du groupe a déjà profité des réformes intervenues à la fin des années 60, à savoir scission de la branche éclaireurs en troupes rangers et pionniers, de la branche éclaireuses en troupes éclaireuses et guides.

Une mésentente dans la maîtrise aboutit à une crise vers 1975, qui a pour conséquence une baisse rapide des effectifs. Inutile de vouloir rechercher les causes de ce vent de panique qui a secoué les esprits : d’un côté ou de l’autre, de l’ancienne maîtrise ou des nouveaux chefs plus progressistes, chacun a agi selon ses convictions, et c’est là un trait de caractère commun à tous les scouts.

Il ne s’agit pas de baisser les bras : il faut reprendre en main le groupe qui part à la dérive. Une période de transition assurée aux rênes du mouvement par un chef expérimenté aboutit au début des années 80 à un camp de groupe réunissant toutes les branches et marquant un véritable renouveau.

Les chefs sont très jeunes, mais leur persévérance va leur permettre d’accumuler une expérience croissante jusqu’à aujourd’hui.

Sous la poussée de certaines réflexions, le groupe bouleverse à nouveau ses structures, mais en douceur : les lutins et les louveteaux fusionnent en une seule troupe; les rangers redeviennent éclaireurs, afin de pouvoir disposer de chefs de patrouille plus âgés, donc plus à même de remplir certaines responsabilités incombant jusqu’alors aux chefs : ceci a une influence néfaste sur la troupe pionniers, qui s’est éteinte par manque d’effectifs, non sans avoir connu une belle fin avec son tour de Suisse. Le même phénomène se produit chez les éclaireuses, et les tentations de faire renaître une troupe de guides échouent; des vestiges des secondes branches est née une troupe routiers, non dans la pure tradition de celle du début des années 70, mais dans le même esprit.

Comme vous le constatez, une vie de groupe est plutôt mouvementée; mais c’est là le signe d’une constante remise en question, qui est profitable à l’enfant lui-même; car si des dissensions entre chefs se font jour parfois, ils s’efforcent de ne pas les laisser transparaître aux yeux du scout.

Souvenirs

Toto Rio, ancien chef de groupe, nous livra, à l’occasion du 75ème anniversaire du groupe, quelques-uns de ses souvenirs :

Il me semble que c’était hier, mais il y a déjà 68 ans, que « j’entrais » chez les scouts, chez les Eclaireurs selon le langage d’alors … en cette soirée du 31 juillet 1922, au local du Varis. Ce local, au-dessus des abattoirs, était l’ancien local d’une société militaire, officiers ou sous-officiers ? avec beaucoup de photos et tableaux,  ainsi qu’un râtelier de vieux fusils.

C’est un ami de la rue Louis Chollet, où j’habitais, qui m’a parlé des Eclaireurs et m’a présenté au « conseil des chefs » de la première Troupe composée d’un chef de troupe-groupe, d’un adjoint, de 2 patrouilles d’éclaireurs, les Loups et les Renards, de quelques « Rovers » (le mot Routier était inconnu) et de 4-5 Louveteaux : soit au total 24-26. Le chef principal était le Major Otto et une de ses filles, qui portait l’uniforme éclaireur, était infirmière.

Comme je n’avais que onze ans, j’ai été incorporé dans les Louveteaux qui, en ce temps-là, avaient le même uniforme que les Eclaireurs mais avec le foulard jaune : celui des Eclaireurs était rouge et les chefs de patrouille avaient une ancienne tunique militaire bleu foncé qui était parfois également porté par les Rovers; il était même question de leur donner un fusil, ce qu’ils n’ont pas voulu.

Peu de souvenirs de l’activité Louveteau avec l’infirmière-cheftaine qui ne savait parfois que nous dire … De temps en temps, avec le Major, réunions le dimanche matin : défiler un à un devant lui, tête tournée vers lui en s’annonçant et en saluant. Je me souviens aussi de quelques jeudis après-midi passés à la Pisciculture où le Major avait une cabane et une barque dans laquelle, parfois, il nous embarquait. Nous avons également « travaillé », sous les ordres du Major, au Sentier Schoch, qui du dépôt des Trams descend à la Pisciculture, travail qui nous était « payé » à Frs. -.50 de l’heure : total Frs. 1.–, une fortune … Comme Louveteau, je me souviens de la formation de la Troupe de la Paroisse de St-Pierre, en été 1923, qui était la Deuxième-Fribourg. Notre Troupe était la Première-Fribourg de St-Nicolas. Comme paroissiens de St-Pierre, mais membre de la Première avant la fondation de la Deuxième, j’ai pu y rester.

Eclaireur, première course. Messe à 5.30 heures à la Cathédrale dans les bancs qui se trouvaient alors dans le porche, à gauche, avant le grand bénitier. De là, on voyait le prêtre aller à l’autel de gauche et on le re…voyait rentrer à la sacristie; la messe était terminée, nous avions été à la messe. Au retour de cette course, de Froideville, nous arrivons de nuit au bord de la Glâne, nous ne trouvions pas le pont, nous remontions, pas de pont, nous étions en larmes. Heureusement, nous avons rencontré un monsieur qui nous a conduits, en descendant, au pont de Ste-Appoline.

Que de souvenirs … de quoi remplir des pages et des pages !

1923, inauguration du Pont de Zaehringen, 1924, du Pont de Pérolles, avec notre Troupe qui était invitée; y participer, pour nous jeunes garçons, c’était un évènement. 1935, 1er camp cantonal dans le Gibloux, au-dessus de Sorens, après le camp national à Genève en 1932. Mais avant ces camps, il n’y avait qu’une course de 3-4 jours … d’un village à l’autre … plus exactement d’une grange à l’autre … faute de tentes.

1941, 1er Rower-Moot à Kandersteg, le Clan St-Nicolas y était. Nous avons vu Lord Baden-Powell, notre fondateur, il est venu visiter notre camp et goûter notre soupe : instants de rêve « nous avions vu BP ».

En 1960, avec Raymond Cordey comme chef, la Troupe a campé à Riva-san-Vitale au Tessin. J’ai passé là-bas quelques mois plus tard et ai demandé à Monsieur le Curé ce qu’il a pensé de nos scouts. Il a admiré le camp, la tenue des scouts au village, à l’église, « ils nous ont appris à prier, vous pouvez en être fier. »

Les tentes étaient usées, il en fallait d’autres. J’ai soumis ce problème au Conseil paroissial et demandé une avance que je pouvais garantir : refus du Président, manque de confiance ! Un papa de deux scouts, qui avait appris ce refus mesquin … m’a tout simplement donné la somme de Frs. 2’000.– « vous me rembourserez comme vous pourrez », ce qui a été fait. Il avait confiance.

… Les ans ont passé, j’ai quitté le Groupe St-Nicolas et, après 55 ans de vie scoute, le Comité cantonal, en gardant bien vivants les souvenirs de tant et tant de belles heures, heures si bonnes qui m’ont tant apporté pour ma vie.

Que de lignes … dans lesquelles j’ai oublié les camps de ski au Chalet du Régiment et tant d’autres choses ! Nous avions tous, comme les Indiens, un Totem, le mien était :

-Hibou ravageur

Les valeureux responsables de groupe de St-Nicolas / St-Paul

(qui nous sont connus)

  • V Major Otto – Fondateur de la 1ère Fribourg (St-Nicolas)
  • V Rio Toto
  • V Beuret Eugène
  • V Beuret Maurice
  • Bersier Roland
  • V Wantz Louis
  • Demierre-Cériani Rose-Marie
  • Wantz Claude
  • Bersier Philippe
  • Deillon Philippe – Anstett Michel – De Reyff Charles – Daul Stéphane
  • Berset Alain – Despont Frédéric
  • Despont Cédric – Angéloz Xavier
  • Angéloz Xavier – Bardy Nicolas
  • Angéloz Xavier
  • Michaël Nadot
  • Flavia Brunchwig  – Audrey Gehring (actuel)

Merci à toutes ces personnes qui font et qui ont fait vivre ce groupe